C’est après un départ sous des trombes d’eau de Paris, au début d’un mois de mai qui ne se décidait pas à laisser pointer les premiers rayons du soleil, que j’embarque pour la première fois sur un avion pour un vol de huit heures. Un cachet et demi plus loin, je semble beaucoup plus calme et mes mains cessent quelque peu de suinter sur les accoudoirs du gros avion.
Cap pour la Martinique
Après dix minutes de slaloms sur la piste, le DC10 commence à prendre de la vitesse, beaucoup de vitesse, trop de vitesse ! Les gouttes de pluie ne tiennent plus sur les hublots, l’avant de l’appareil monte, nous décollons, mon sweat tombe à mes pieds, je crève de chaud, je suis en nage… Comme lors de chaque voyage, que d’habitude je fais sur voies ferrées, je ne manque pas cette fois encore de tomber avec les pires beaufs du vol.
Quatre bonnes cuvées de chez bofasses qui ne pensent qu’à se remplir l’estomac d’alcool tout le long du vol et qui finissent par se taper dessus. Un vrai bonheur ! Après avoir changé de place et avoir vu toute la compréhension de l’hôtesse dans son regard, la fin du vol s’avère plus calme.
Huit heures plus tard, le commandant annonce que nous amorçons notre descente. Les accoudoirs reprennent leurs places d’origines, c’est à dire, bien écrasés au creux de mes mains moites, l’avion commence à piquer du nez. Soudain nous passons sous les nuages et nous voyons l’océan et les premières côtes apparaître. Vu du ciel, c’est splendide, les différentes couleurs des eaux sont merveilleuses.
Arrivé en Martinique
Les anses laissent apparaître une eau turquoise, de nombreux bateaux naviguent. Les pattes coupées et lasses du voyage, nous sortons du DC10 climatisé pour un premier contact avec le sol martiniquais et là… Waouf ! La bouffée de chaleur digne de la plus belle crise de ménopause de ma belle-mère ! Il fait 32 degrés à l’ombre, et 52 au soleil et fort heureusement il y a un petit vent qui rend tout cela respirable.
On apprend par la suite qu’il vaut mieux se méfier de ce vent qui, justement, empêche parfois que l’on ressente les brûlures du soleil et cause beaucoup de dommage. Un chauffeur de taxi nous attend au dehors et nous conduit à notre hôtel. Passons sur la manière de conduire de ce jeune homme, on me taxerait encore de sexisme ! Mais je dirais juste que, Dieu merci, l’effet des cachets ne s’était pas tout à fait dissipé !
Notre hôtel est situé aux Trois-Ilets, à l’Anse à l’Ane, face à la Baie de Fort-de-France. Ce qui nous marque de suite, à part la chaleur, c’est la beauté et la luxuriance de la végétation, qui nous change indéniablement des deux ou trois arbres que l’on peut croiser à Paris.
Ici, tout est vert et, malgré une sécheresse telle que les résidents n’ont pas vus depuis cinquante ans, nous sommes ébahies devant la beauté des plantes, des arbres du voyageur et des fleurs tropicales.
Tout au long de notre séjour nous ne cessons d’admirer les Flamboyants, arbres à grosses fleurs rouges ou jaunes, qui ornent les bords de routes, ou autres Hibiscus, Anthuriums ou Bougainvilliers que nous n’avions vu qu’en photos auparavant.
Les bananiers et les plantations de cannes à sucre s’étendent sur plusieurs mètres et éveillent notre intérêt, car, une fois encore, ce ne sont pas des choses que l’on peut voir tous les jours entre deux stations de métro. Nous visitons la dernière distillerie en activité, « Trois-Rivières », très réputée, même en métropole. Et le guide nous fait goûter un breuvage que je ne suis pas prête d’oublier. En effet, comme je ne suis pas très attentive et préfère folâtrer avec mon appareil photo, je n’écoute pas lorsque cette charmante personne nous demande de juste tremper les lèvres pour tester.
Le gobelet arrive à ma hauteur, je le porte à ma bouche et en prend une bonne gorgée. Je ne sens plus mes lèvres, ma langue ne parvient plus à rester dans ma bouche et mon œsophage se consume sous les 70 degrés du rhum pur qui s’y écoule.
Nous visitons aussi une superbe maison coloniale, la « Maison Clément ». L’Habitation est la seule habitation créole à être entièrement ouverte au public, et un des plus anciens domaines de l’île.
Elle a été classée Monument historique en 1995. Son site possède plus de 300 espèces végétales et si la distillerie n’est plus en activité, on vous explique tout au long du parcours comment il est produit.
L’intérieur de la maison est décoré de superbes meubles coloniaux en acajou et des photos accrochées aux murs prouvent que de nombreux chefs d’états internationaux ont déjà foulé le sol bien avant vous.
Nous nous sommes également aventurées dans une grande excursion à la découverte du sud de l’île.
Les routes en tête d’épingle, genre montagnes russes ne restent pas parmi mes meilleurs souvenirs, mais la découverte des fonds marins au départ de la ville nommée Le Marin à bord d’un Aquabulle oui.
La vision de ces fonds marins composés de coraux, d’oursins énormes, de barracudas (ba-rra-cu-da !), et de poissons tropicaux fluorescents nous fascinent.
Les plages de Martinique
Puis nous découvrons la plus belle plage de la Martinique à Sainte-Anne, Les Salines.
Là, une vraie carte postale s’offre à nous, le sable fin légèrement pailleté, l’eau à 28 degré bleu turquoise, les palmiers, le soleil, les hamacs sous les palmiers, les vendeurs de fruits exotiques frais et les vendeurs de noix de coco dont vous sirotez le lait à la paille avant de manger la pulpe, tout n’est que splendeur.
Lors de la visite du Sud, nous pouvons aussi goûter à l’Océan Atlantique puisque jusqu’alors nous n’avions goûté qu’a la Mer des Caraïbes. Au Nord, la Martinique est essentiellement composée de nature volcanique et le relief est donc plus vigoureux.
C’est là-bas où l’on peut voir la Montagne Pelée qui culmine à 1397 mètres d’altitude, ainsi que des forêts tropicales très denses coupées par des rivières. C’est à l’intérieur même de ces forêts luxuriantes que l’on peut trouver de jolies bêbêtes telles que des serpents trigonocéphales mortels et de charmantes mygales, qui ne piquent que si vous les embêtez, mais choisit-on toujours où l’on met les pieds ? Vous comprendrez vite que le Nord ne fut pas notre terrain de prédilection !
Nous avons donc choisi de rester dans le Sud, au plus loin dans l’Est, vers Le François, où il faut absolument aller prendre un bateau, ou une petite barque de pêcheurs, qui vous déposera à « La baignoire de Joséphine » afin de participer à un classique de la Martinique ; « Le baptême du rhum ».
Comment cela se passe ? Qu’est ce que c’est ? Très simple, comme son nom lindique, on vous baptise au rhum. En fait on vous emmène en mer, au large et là on vous demande de descendre du bateaux sur « les fonds « blancs ».
Là, surprise, en pleine mer, vous avez de l’eau jusqu’à la ceinture, ensuite, les accompagnateurs préparent un bar flottant sur lequel se trouvent des acras de morue, des boudins créoles, du ti’punch et du jus de goyave.
Un bel apollon torse-nu aux tablettes de chocolat apparentes vous demande de vous allonger à la surface de l’eau, met sa main sous votre nuque et vous remplit la bouche de Ti’punch frais.
Un évènement incontournable et un très bon souvenir autant pour la beauté du lieu que pour les câlins dans l’eau à l’abri du bateau dans les bras de ma douce.
Parce que, pour en venir aux câlins en public si vous êtes homos en Martinique, il vaut mieux oublier…
Au fait, je me suis renseigné pour vous, « homosexuel » se dit « Makoumè » en créole !
Si vous êtes une fille, chaque sortie en ville, devient une véritable corvée. Les martiniquais sont de véritables dragueurs forcenés et ne comprennent pas trop le sens du mot « non ».
Bilan, ils deviennent vite lourds et s’étonnent que vous perdiez patience en vous insultant de tous les noms. C’est dommage car parfois on aimerait pouvoir profiter d’un calme tant mérité.
Hormis cela, les résidents sont plutôt sympas, malgré le fait qu’ils se plaisent à nous ressasser le passé colonialiste de l’île.
C’est un peu comme une leçon qu’ils se plaisent à nous donner, comme si l’on pouvait être fiers de ce qu’il s’est passé et adhérer à ces faits historiques en trouvant cela normal !
Quand aux spécialités culinaires, si vous aimez la cuisine épicée, vous allez vous régaler !
Les acras de morue ou de crevettes, les boudins créoles, les poissons frais, les gratins de lambis, les bananes planteurs, les langoustes et les crevettes, ainsi que les fruits exotiques sont à tomber !
Par contre, la vie est assez chère sur place vu que les produits doivent être amenés sur l’île. Un seul bon point pour les fumeurs, les clopes sont très peu chères.
Surprise à la vue des prix (environ 15 F le paquet), j’ai demandé une explication au vendeur.
Il m’a répondu que les « békés », les blancs de l’île, avaient demandé il y a longtemps (du temps de la colonisation), une détaxe sur le tabac et que depuis cette date cela avait été accordé et conservé.
La semaine est passée à une rapidité folle et le temps de regagner la métropole est bien vite arrivé.
Le vol retour fut beaucoup plus calme que le vol aller et, nos amis parisiens nous ont remercié d’avoir ramené le soleil avec nous de la Martinique.
C’est avec 28 degré sur Paris que nous avons atterri, comme si, comme par magie, le beau temps était au rendez-vous pour amoindrir notre peine d’avoir quitté cette si jolie île aux fleurs…