N’avez-vous jamais rêvé du périple de votre vie? De le prévoir pendant des mois, de l’imaginer dans vos rêves les plus fous, et pourtant de se faire rattraper par la réalité, froide et amère, celle qui vous pousse à exprimer ces trois mots : «je suis déçu(e)». Je pense que tout bon voyageur est passé au moins une fois par cette étape cruelle de la déception en voyage. Mais d’où peut bien venir ce sentiment? Et comment y faire face? Voici un billet, un brin philosophique, sur le sujet.
Des attentes trop grandes
Je pense que la déception en voyage prend principalement sa source dans des attentes trop grandes. On rêve souvent de son prochain voyage, de sa prochaine destination, au point qu’on l’idéalise souvent, et, lorsque les choses ne se passent pas comme prévu, c’est forcément la déception qui nous envahit et qui prime. Le meilleur exemple qui me vient en tête est celui de l’Islande. J’ai adoré l’Islande, ça a été un véritable coup de coeur, et c’est un pays dans lequel j’aimerais retourner. Nous avions en tête trois objectifs pour notre visite de l’Islande : profiter des paysages exceptionnels du pays, voir des aurores boréales, et, surtout, visiter les cavernes de glace au bleu transperçant. Nous sommes donc partis en Février afin de pouvoir voir ces grottes de glace. Malheureusement pour nous le temps cette année là était trop «clément» (températures anormalement élevées). Les caves étaient inondées et donc inaccessibles. Et, par-dessus le marché, nous avons eu de la pluie, de la brume et surtout des nuages pendant les neuf jours de notre séjour, et avons donc été dans l’impossibilité de voir des aurores boréales. Frustrant non? La déception était inévitable et, malgré que personne ne soit garant de la météo, on s’imagine toujours en voyage dans les meilleures conditions possible. Il vaudrait mieux pourtant se préparer à toutes les possibilités, les meilleures comme les moins bonnes…
L’art de ne plus savoir s’émerveiller
À force de discussions avec d’autres voyageurs j’ai remarqué un autre phénomène pouvant contribuer à la déception en voyage : la quasi banalisation du merveilleux. Ne devenons-nous pas de plus en plus difficile à impressionner au fur et à mesure de nos périples? Au Québec on dit souvent : «trop c’est comme pas assez». Et si trop voyager n’était qu’un phénomène à la mode qui aurait perdu ses buts premiers? Le voyage n’est-il pas avant tout un moyen d’embellir un quotidien un peu morne? Et si en voyageant trop on retombait dans quelque chose de trop commun au point que l’on ne puisse plus s’en émerveiller? Ne serait-ce pas là une autre manière de revenir déçu d’un voyage? Un exemple me vient en tête. Je suis récemment partie au Kirghizistan et malgré les magnifiques paysages que j’avais devant les yeux je n’en étais pas plus enchantée que ça. La cause principale? Je ne me sentais pas du tout dépaysée. Les montagnes, aussi belles étaient-elles, n’en restaient pas moins que des montagnes et m’ont laissé une étrange sensation de déjà-vu. Le Kirghizistan, qui reste un pays pourtant fort sympathique à visiter, n’est pas de ceux qui ont fait chavirer mon coeur et c’est légèrement déçue que je suis revenue de cette destination.
De l’influence des autres
Quoiqu’on en dise on est toujours, à un moment donné, influencé par notre entourage, nos amis ou nos connaissances. Que ce soit dans un sens ou dans un autre cela peut avoir un ascendant non négligeable sur le fait d’apprécier ou non un voyage. Voir les aspects négatifs d’un pays pointés du doigt (trop cher, gens peu accueillants, transports compliqués, etc.) peut nous pousser à ne voir plus que ça, en plus de l’appréhension que cela occasionne. Dans le sens inverse, ne recevoir que des avis positifs sur une destination ne peut que placer la barre très haute, nourrissant ainsi des espérances et des envies quelques fois difficiles à atteindre. Le phénomène le plus marquant est pour moi celui lié au Costa Rica. D’aucuns vantent les mérites de ce pays en terme de biodiversité, de nature, et, surtout, de rencontre avec les animaux. C’est en effet un pays où il est possible de tomber sur des singes, des iguanes, des ratons laveurs, des quetzals, etc. Cependant avoir le privilège de pouvoir observer ces animaux dans la nature n’est pas aisé du tout puisqu’ils restent sauvages et tentent souvent de rester cachés. Mais voilà, la plupart des personnes qui partent au Costa Rica en reviennent souvent déçus car nourris par le désir de voir beaucoup d’animaux. Cette «publicité» est souvent alimentée par les autres voyageurs, ceux qui en reviennent satisfaits, ou encore par des agences de voyage ou des tours opérateurs qui oublient parfois de mentionner la difficulté à croiser des animaux sauvages.
Relativiser et profiter
La déception en voyage fait partie intégrante de celui-ci. Que ce soit à cause d’une météo inadéquate qui vient gâcher les activités planifiées, d’un évènement inattendu ou encore à cause d’une mauvaise organisation, il y a toujours un moment où notre voyage ne se passera pas exactement comme nous l’avions prévu. De cela découle de la frustration qui peut nous empêcher de profiter au maximum de notre séjour. Évidemment les situations peuvent être plus ou moins chaotiques mais dans le cas d’une «simple» déception il est important de relativiser. Partir est un privilège en soi et même si le sentiment d’être déçu n’est pas toujours contrôlable il est toujours bon de se rappeler de la chance que l’on a de pouvoir découvrir d’autres horizons. Voyager est l’occasion de prendre le temps d’apprécier et de profiter de la vie. Ne laissez jamais une déception momentanée contrarier l’ensemble de votre séjour et essayez plutôt de la prendre comme un ingrédient indispensable à votre expérience de voyageur. Après tout voyager n’est pas sans risque et les aléas font ce que les voyages sont : des souvenirs uniques dans des contrées inconnues.