Flybondi n’est autre qu’une traduction approximative d’Air-bus en lunfardo, l’argot porteño … et oui car Bondi signifie bus urbain et fly voler (en anglais cette fois). Et quand on parle de bondi à Buenos Aires, on fait bien référence aux bus urbains bondés qui traversent comme des petits fous la capitale ! En espérant que les pilotes de cette compagnies ne soient pas aussi intrépides aux manettes de leurs avions que les chauffeurs porteños au volant de leur collectivos.
La métaphore filée va loin puisque que tous le marketing de la compagnie repose sur l’idée d’accessibilité au transport aérien pour tous avec des tarifs bas, des options en supplément et opérant depuis des aéroports économiques et peu usités … En fait seulement El Palomar à Buenos Aires puisque les autres aéroports desservis sont les aéroports principaux des grandes villes du pays.
A quoi s’attendre avec FlyBondi en terme de service ?
Flybondi s’inscrit dans le modèle low cost, il ne faudra donc pas s’attendre à un service de restauration à la place par exemple. Les avions étant plutôt vieux, le confort sera correct, similaire à ce qui est offert chez les autres compagnies dans le pays, mais on est loin des sièges ultra-fins dont équipes aujourd’hui toutes les compagnies européennes ou américaines (aussi bien Air France qu’Easyjet).
A part les promotions de lancement, il faudra payer pour un bagage en soute +399 ARS (pour le moment offert), choisir son siège entre 40 ARS à 150 ARS supplémentaire en fonction de la situation dans l’avion (sinon enregistrement aléatoire 48 heures à l’avance gratuit). N’oubliez pas de télécharger la carte d’embarquement sur votre smartphone ou bien de l’imprimer sinon il faudra payer son impression à l’aéroport (50 ARS). Pour le moment, Flybondi ne propose pas d’offre de restauration à bord, ni gratuite ni payante. Un verre d’eau tiède est distribué.
Si vous voyager avec un bagage cabine dont les dimensions sont de 30cm x 20cm x 40cm maximums et d’un poids inférieur à 6kg mais aussi que votre localisation dans l’avion vous importe peu (assignation du siège aléatoirement) , vous n’aurez pas de frais additionnels.
Si vous partez de Buenos Aires, la compagnie opère depuis l’aéroport d’El Palomar situé proche de la capitale fédérale et accessible en train. Les installations d’enregistrement sont flambant neuves mais l’embarquement se fera à même le tarmac. En cas de mauvais temps, il se peut qu’il y ait des retards. Flybondi propose également deux autres bases : Cordoba et Mendoza qui proposent chacune 4 destinations domestiques. Depuis Buenos Aires se sont 12 destinations domestiques qui sont proposées. La carte ci dessous montre les destinations de la compagnie depuis les 3 bases. Vous pouvez sélectionnez en légende l’aéroport qui vous convient pour y voir le réseau.
En terme de couverture, la compagnie se concentre donc sur les grands centres urbains et touristiques du pays qui se trouvent dans un rayon de deux heures de vol plus ou moins. On atteint difficilement les portes de la Patagonie (Bariloche ou Bahia Blanca). Egalement en terme de fréquence, un ou deux vols par jours au mieux sur les villes les plus importantes : oubliez l’aller-retour dans la journée.
Donc cette compagnie s’adresse avant tout à une clientèle loisir à la recherche de petits prix, on lui reprochera son absence en Patagonie, un marché très particulier où les salaires des habitants sont plus élevés que dans le reste du pays et la clientèle plus orienté business (et qui apprécie donc arrivé à proximité du centre de Buenos Aires, les services en vol et un large choix d’horaire). De plus les touristes étrangers qui optent pour la visite de cette région sont généralement peu sensible au prix et privilégient les facilités de correspondance qu’offre Aeroparque ou Ezeiza avec des vols domestiques et internationaux. La Patagonie commence à se développer pour le tourisme des argentins mais ça reste une destination coûteuse pour eux, parfois aussi cher qu’un séjour à Miami.
Et plus en détail :
Flybondi n’opère que des Boeing 737 et plutôt anciens … avec une moyenne d’âge de 15 ans qui sont tous en location (ils n’appartiennent donc pas à la compagnie). A titre de comparaison, l’age moyen des avions de la compagnie low-cost Ryanair est de 6,6 ans. Les appareils de l’argentine ont donc volé déjà pas mal d’heures sous d’autres couleurs. Comparé à la concurrence, Flybondi se trouve dans les dernières entre Andes qui opère encore des MD-83 (avions de 23,5 ans de moyenne d’âge) et LATAM Argentina (14,7 ans).
Cette relative ancienneté de la flotte, pour une compagnie qui se prétend du modèle low-cost, engendre certains déboires. Si je suis confiants dans la maintenance et la sécurité qu’offre la compagnie, il est indéniable que les petits problèmes techniques sont plus courants avec des avions d’un certain age. Cela engendre soucis de programmation et retards plus fréquent. D’autant plus que Flybondi ne possède que 4 Boeing au moment de la rédaction de cet article ce qui est trop peu pour faire face à un manque soudain d’appareil suite à une petite avarie et assurer le service de manière constante. On s’accorde sur un nombre de 10 appareils minimum pour assurer la continuité du service.
Et malheureusement depuis son lancement la compagnie en connait tout une flopée, de déboires, même le jour d’un vol inaugural à destination des employés :
- Mars 2018 : souci technique à Cordoba avec retard conséquent
- Février 2018 : à peine réceptionné le second Boeing de la flotte qu’il est cloué au sol pour soucis techniques
- Janvier 2018 : vol inaugural avec les employés à bord, forcé de faire un atterrissage d’urgence suite à un souci moteur
A mon sens des petits avaries matérielles liées à l’âge des avions et au rodage des processus de maintenance qui se répercutent fortement sur les opérations quand la compagnie ne possède que 3/4 avions.
Egalement, pour les clients désireux de s’envoler depuis Buenos Aires, la low-cost a choisi de s’installer à l’aéroport de El Palomar, un aéroport récemment habilité pour les opérations commerciales mais qui ne possède pas encore toutes les technologies et infrastructures adéquates pour accueillir une activité commerciale forte. Cela sans compter sur les riverains qui ne voient pas forcément le développement d’un aéroport près de chez eux d’un bonne œil et qui sont près à faire valoir leurs droits. Du coup le développement de l’offre depuis cette aéroport a été limitée par la justice pendant un temps, et en cas de mauvais temps les vols sont généralement déroutés sur les autres aéroports de la capitale.
L’agrandissement et le développement de l’aéroport d’El Palomar va conditionner celui de la compagnie il est donc primordiale que les pouvoirs publiques se synchronisent avec les projets de développement de la compagnie tout en accompagnant les riverains pour réduire au maximum les nuisances et faire en sorte qu’ils profitent aux mieux des opportunités économique qu’offre une telle infrastructure (emplois, tourisme …) Par exemple, à ma connaissance, l’aéroport n’est pas équipé pour recevoir des vols internationaux (douane …) qui font cruellement défaut dans le paysage aérien notamment vers le Brésil, situation de duopole quasi systématique ou GOL et Aerlineas Argentinas s’épaule face à LATAM. Autre point centrale, l’aéroport ne semble pas permettre encore le développement de l’activité de catering (nourriture à bord), activité qui peut rapporter un revenu complémentaire à la compagnie et de nombreux emplois sur la plateforme. Tout un tas d’autres services pourraient être développés sur la plateforme avec la croissance de la compagnie (maintenance, service de transport, hôtellerie …)
Et si comme tous cela ne suffisaient pas, il y a également toute une série de déboires administratifs qui ont compliqués les débuts de la low-cost. Par exemple, la compagnie n’a pas décrochée l’autorisation d’effectuer des vols à des altitudes de croisière au de la des 30 000 pieds (8000 mètres environ) qui sont pourtant l’optimum opérationnel pour les Boeing 737 qui constituent la flotte de la compagnie. En dessous de cette altitude les avions consomment beaucoup plus de carburant, premier poste de dépense d’une compagnie aérienne.
Si la plupart de ses problèmes sont relativement courants pour le lancement d’une compagnie, la situation du marché argentin et la pression des médias et réseaux sociaux est tel que les conséquences en termes de communications et de marketing seront assez néfastes et coûteux à compenser (bagage et extra gratuits, publicités supplémentaires). Alors que déjà les frais pour se faire une notoriété sur un marché sont énormes.
Ces déboires traduisent aussi d’une part des choix stratégiques de l’entreprise : le choix de commencer avec une flotte moins coûteuse et vieille mais aussi d’autre part, la rapidité des décisions politiques qui ne suivent pas toujours la réactivité de l’Argentine d’un point de vue général (infrastructures pas encore prêtes, poids de l’administration …)
Des choix différents pour la compagnie Norwegian, qui a décidé de lancer sa filiale low-cost argentine avec des avions neufs mais dont les retards de livraison entraînent un retard de lancement. Ce dernier, évoqué depuis maintenant plusieurs mois sans jamais être annoncé avec une date concrète. Les autorisations et la structure entrepreneuriale étant créées mais les avions faisant défaut ce retard à également un cout … en attendant, Flybondi prend des parts de marchés ou tout du moins de l’avance.