Grenoble, capitale des Alpes, du ski et des jeux olympiques. Autant d’images qui collent à la peau de la préfecture de l’Isère, et qui pourraient faire rêver, sinon fantasmer le gay-luron qui sommeille (plus ou moins) en chacun de nous. Car qui dit montagne, dit neige, et donc skieurs.
Perdu au fin fond de la Creuse, le gay lambda n’a pas à se forcer pour imaginer un Mykonos au pays des neiges : des skieurs bruns moulés dans d’avantageux fuseaux tournoieraient dans des nuages de poudreuse, tandis que de jeunes surfeurs (blonds et fous) traîneraient l’insolence de leurs vingt ans, un snow-board à la main.
Ajoutez un assortiment de lieux où régnerait une atmosphère follement conviviale, et il ne vous reste plus qu’à prendre votre pilot bag pour emprunter le premier TGV en partance pour Grenoble.
Découvrir Grenoble en hiver
Pourtant, du phantasme à la réalité, le pas est parfois difficile à franchir. Une petite précision géographique tout d’abord : Grenoble est située au confluent de l’Isère et du Drac, encadrée par trois massifs montagneux : la Chartreuse (qui n’est pas uniquement le nom d’une liqueur digestive verte ou jaune), le Vercors et Belledonne.
Certains jours, les levers et les couchers de soleil prennent l’allure de véritables spectacles, habillant les pics et les plateaux de rose ou de bleu. Entre ces couchers et levers de soleil aléatoires, qu’en est-il de la vie nocturne à Grenoble, sujet dont l’intérêt vous titille au plus haut point?
Il faut bien se rendre à l’évidence, Grenoble n’est pas tout à fait une station de sports d’hiver, même si elle n’en est pas loin. Il est tout à fait possible de partir un après-midi pour satisfaire sa soif de neige et d’espace. Certains étudiants le savent, et il est donc facile de trouver à Grenoble des étudiants sportifs et amateurs de ski. Seulement voilà : les statistiques s’arrêtent là. Aucune probabilité de rencontrer un étudiant de 1,85 m, blond, musclé, au sourire ravageur, et préparant un DESS “projets culturels”, n’est répertoriée dans les guides. On pourrait imaginer que les quelques dizaines de milliers d’étudiants apportent une animation trépidante à cette antique cité. Le Grenoblois a su s’adapter à son milieu naturel.
Les nuits sont fraîches (surtout en hiver), ce qui a plusieurs conséquences sur le mode de vie indigène. D’abord, il vaut mieux sortir couvert, pour éviter d’attraper rhumes, pneumonies, et autres maladies des cimes.
Ensuite, il vaut mieux réfléchir à deux fois avant de quitter le nid douillet (Home sweet home !), car après 19 heures, les magasins ferment, et alors commence pour le noctambule un parcours semé d’embûches : que faire entre la fermeture du dernier salon de thé (“Adelaïde Cookie” et ses motards !), et la séance de 20 heures au Club ? Entre la fermeture de la FNAC et l’ouverture du Steak and Salmon House ?
La vie de nuit de Grenoble
Le night-clubber aura tout intérêt à se mettre au chaud après avoir vérifié que la rue de Bonne s’est vidée de ses passants et qu’il n’y reste plus qu’un joueur d’orgue de barbarie sur le départ. Grâce au Ciel, les Dauphinois aiment manger et il ne manque pas de restaurants de spécialités locales ou exotiques pour emmagasiner les calories d’une nuit qui s’annonce torride. Les amateurs de bars pourront en trouver un ou deux à leur goût, comme le Starmania, ambiance décontractée, ou le Rütli, plus jeune tendance techno.
Dans tous les cas, il sera difficile de trouver un véritable quartier gay, et aller d’un point à un autre nécessitera une bonne connaissance de la ville. Lorsque la nuit sera bien avancée, le dancing-queen se dirigera vers la boite, au fin fond du cours Berriat : l’Absolu, anciennement le George V.
Si certains préfèrent la pureté de l’air nocturne aux fumées de discothèques, ils pourront se mettre en chasse pour trouver leur prince charmant.
Prince d’un soir ou prince de toujours, un seul lieu est indiqué : le parc Paul-Mistral, petit bijou de verdure en plein centre ville, autour l’Hôtel de Ville. Là, bosquets accueillants pour les piétons et parc de stationnement pour des demi-tours savamment calculés, permettront de mettre en pratique différentes techniques d’approches bien rodés sur les lieux de drague de France et de Navarre.
Dès que les beaux jours arrivent, les étudiants quittent Grenoble, et en été, la ville devient une cuvette chauffée à 35°. Les Grenoblois partent aussi! Il faut donc persévérer, se lancer dans des opérations « relations publiques » pour lier des connaissances à Grenoble.
Si certains ont une réticence à pénétrer le monde (inquiétant, mais fascinant) de la nuit, il existe aussi des associations qui offrent une troisième voie de la gaytitude provinciale. Et puis Grenoble possède de quoi ravir les garçons sensibles amateurs d’art : ils devront aller au Musée de Peinture, ne serait-ce que pour admirer la musculature et le regard craquant du saint Sébastien de Rubens. Rien ne sert de se lamenter sur la province : elle a ses avantages et ses inconvénients, que n’a pas la capitale.